Portrait

Heather Newhouse,

la voix du cœur

Complice de longue date du Concert de l’Hostel Dieu, avec qui elle partage actuellement la scène du spectacle Folia de Mourad Merzouki faisant escale à Paris, la soprano canadienne Heather Newhouse prête sa voix avec un égal bonheur aux rôles mozartiens, aux oratorios de Haendel, à Barbara Strozzi, Britten ou Berio. Son timbre sensuel a déjà séduit, entre autres, Leonardo García Alarcón, Kazushi Ono, Patrick Davin, Stefano Montanari, et Frédérick Haas.


UNE FORMATION NATURELLEMENT INTERNATIONALE

« Je suis venue étudier en Europe pour la diversité des choix qu’elle propose à des voix comme la mienne. Mon timbre est fait pour l’intimité, la douceur, la tendresse, assure Heather Newhouse. Si j’ai une formation de chanteuse lyrique classique, je sais quelles sont mes qualités, et je sais ce que je peux chanter. »

C’est ainsi qu’après avoir obtenu un bachelor of music à l’Université du Western Ontario puis un master à la Guildhall School of Music de Londres, la soprano canadienne intègre le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon en troisième cycle.Diplômée en 2010, elle entre au Studio de l’Opéra de Lyon pour trois saisons et fera des rencontres décisives – sa professeure de chant Cécile De Boever, le ténor Jean-Paul Fouchécourt, Franck-Emmanuel Comte et Le Concert de l’Hostel Dieu… –, qui l’amèneront à poser durablement ses valises dans l’ancienne capitale des Gaules.

« Dès mes débuts professionnels, je me suis sentie très entourée, raconte-t-elle. Cet accompagnement tant musical qu’humain m’a aidée à trouver ma voix/voie. »

Les concours internationaux, qui sont nombreux à la récompenser, complètent sa formation. Heather Newhouse gagne en confiance, en efficacité et en exigence envers elle-même. À Froville, dont elle est lauréate en 2012 – la même année que sa distinction au Concours de Mâcon –, elle fait une autre rencontre encourageante, Paul Agnew, directeur musical adjoint des Arts Florissants.


DE LA MUSIQUE BAROQUE À LA DANSE

La Canadienne, lyonnaise d’adoption depuis treize ans, est désormais bien identifiée dans le paysage de la musique baroque, notamment grâce à ses collaborations régulières avec Le Concert de l’Hostel Dieu. Associée aux concerts comme aux enregistrements de l’ensemble, elle explore avec gourmandise un répertoire où sa voix rayonne. Après s’être illustrée notamment dans un récital conçu autour de Barbara Strozzi la saison dernière, elle prépare avec Le Concert un nouveau programme rapprochant compositrices italiennes et françaises pour un « concert de lauréates », le 30 mai 2020, au Festival de Froville.

C’est avec lui également – et les danseurs de Mourad Merzouki – qu’elle partage jusqu’au 31 décembre la scène du 13e Art à Paris pour Folia, un spectacle créé aux Nuits de Fourvière en juillet 2018, repris l’été prochain à l’Opéra de Montpellier. Une tournée est également prévue en France et à l’international.Si le répertoire transalpin dont elle habille ce spectacle féerique lui est tout à fait familier, la proximité avec les dix-sept danseurs hip-hop lui offre de nouvelles sources d’inspiration.

« L’énergie de la danse dégagée sur un plateau est formidable, s’enthousiasme-t-elle. Cela me nourrit d’une manière très stimulante. »

Heather Newhouse sera à nouveau au contact de la danse dans le projet qu’elle tisse avec l’ensemble Ausonia, Frédérick Haas et le spécialiste du théâtre Nō Masato Matsuura autour du Combat de Tancrède et Clorinde de Monteverdi. La création aura lieu en Belgique en juillet prochain.


MOZART, ROI DE CŒUR

Si la musique baroque la sollicite beaucoup – ce sera encore, la saison prochaine, l’ensemble Correspondances et Sébastien Daucé, l’ensemble canadien Arion Baroque et Mathieu Lussier pour un programme d’oeuvres chantées par la cantatrice Marié Fel (1713-1794) notamment de Rameau mais aussi des compositrices françaises. Heather Newhouse ne s’y restreint pas pour autant. La langue anglaise lui sied particulièrement bien, Haendel bien sûr, avec qui elle « chauffe » sa voix, mais aussi Britten, dont la musicalité lui parle beaucoup. Son amour pour la mélodie française date quant à lui de son adolescence, et n’est pas innocent dans son choix de consacrer sa vie au chant.Si toutes ces musiques la comblent, Mozart reste son compositeur de cœur.

« Incarner Pamina fut un moment très fort pour moi, relate-t-elle. Je suis toujours très heureuse de retrouver Mozart pour une nouvelle production, qu’elle soit lyrique ou de concert. Sa musique sacrée, notamment, me transporte. » 

Et lui permet de nouvelles rencontres, comme celle d’Hervé Niquet, qu’elle a rejoint en avril dernier à Montréal pour un Requiem avec l’Orchestre symphonique de Montréal.